
Pour sa 37e édition, le concours du Transporteur de l’année organisé par L’Officiel des transporteurs a mis sur la plus haute marche du podium Julie Lee-Quil. La présidente des Transports Quil, entreprise créée en Lorraine il y a 100 ans, se distingue par sa volonté de rendre les métiers du transport plus attractifs.
La dirigeante des Transports Quil, élue transporteuse de l’année le 31 mars, succède au palmarès à David Sagnard (Transports Carpentier), qui avait été désigné transporteur de l’année 2024. Le précédent dirigeant d’entreprise du Grand Est à avoir été récompensé par le concours organisé par le mensuel L’Officiel des transporteurs était Jean-Claude Plâ (Transports Vingeanne), qui avait obtenu le titre en 2019.
Julie Lee-Quil n’est que la quatrième femme à être élue transporteuse de l’année, après Huguette Ambroise (groupe Ambroise Bougier) en 1996, Carole Dupessey (groupe Dupessey & Co) en 2012 et Valérie Lassalle (Transports Lassalle) en 2021. Représenter la féminisation du transport routier n’est cependant pas une question qui semble l’intéresser : « Le métier reste très masculin ; nous avons près de 10 % de conductrices, ce qui est supérieur à la moyenne du secteur mais reste faible, déclare-t-elle. Mais nous embauchons les personnes pour leurs compétences et non en fonction de leur genre. »
De l’horlogerie de luxe à l’entreprise familiale de transport
Ce que Julie Lee-Quil souhaite mettre en avant, c’est une vision plus managériale que sectorielle de l’entreprise : « les femmes veulent diriger des entreprises, et non faire des métiers qui leur ressemblent », affirme celle qui a repris en 2012 l’entreprise familiale après des études en école de commerce et une première expérience en relations publiques dans l’horlogerie de luxe. « Mes parents voulaient vendre l’entreprise. J’avais 25 ans et déjà l’idée de pérenniser l’aspect familial de la structure. Cette idée de transmission est forte dans le secteur des transports, où peu d’entreprises ne sont pas transmises familialement. »
Communiquer pour devenir une marque nationale
De son métier précédent, la dirigeante des Transports Quil a surtout retiré une forte expérience de la communication. Un atout pour celle qui veut faire de son entreprise familiale une marque qu’elle souhaite voire rayonner au niveau national, avec pour stratégie le déploiement d’agences de cross-docking distantes de moins de 250 km les unes des autres.
Une entreprise centenaire bien établie en Grand Est
Outre le siège de Bois-de-Haye, près de Nancy, où ils disposent de plus de 30 000 m² d’entrepôts logistiques, les Transports Quil disposent aujourd’hui d’agences à Strasbourg, à Mulhouse, à La Veuve (51) et, première incursion hors de sa région d’origine, à Pagny-le-Château (21). Cela permet à l’entreprise créée en 1924 de rayonner sur le quart Nord-Est de la France, avec pour activité principale le transport de marchandises palettisées pour le secteur de la distribution et une spécialisation sur deux marchés de niche : les revêtements de sol et les longueurs.
Du B100 pour la distribution au départ des agences
L’entreprise qui emploie plus de 300 personnes dispose de 350 cartes grises, dont 190 moteurs. Environ 80 tracteurs sont utilisés pour la longue distance, tandis que la majorité est affectée à l’activité de distribution. Avec une spécificité : 70 % de la distribution au départ des agences du Grand Est se fait avec une énergie verte : le B100. Un carburant qui, selon Julie Lee-Quil, « permet de décarboner avec des investissements limités, dans le cadre d’une transition douce vers les énergies de demain. L’électrique ou l’hydrogène y auront certainement une part, et la rapidité du renouvellement de notre parc nous permettra de nous adapter à cette évolution. » Pour la longue distance, le transports Quil misent plutôt pour l’instant sur le HVO.
Rouler 100 % propre en 2030
La volonté de verdissement de l’entreprise, qui s’est fixé pour objectif de rouler 100 % propre dès 2030, est certainement un des critères qui ont été pris en compte pour l’élection de sa dirigeante comme transporteuse de l’année, puisque la décarbonation est aujourd’hui vue par une grande partie de la profession comme une obligation non seulement vis-à-vis de la société mais aussi de leurs clients qui veulent des transports plus propres.
« Faire de belles carrières dans les transports »
La spécificité de Julie Lee-Quil tient davantage à sa stratégie de modernisation du secteur du transport routier à travers la valorisation des métiers. « Beaucoup entrent sur le marché du travail sans envisager une carrière dans le transport, car on reste sur l’idée de métiers peu valorisants, déplore-t-elle. Il s’agit pourtant d’un métier qui nécessite une gestion très pointue : nos activités à très faibles marges nécessitent des managers ayant fait de hautes études. Or, les jeunes diplômés s’orientent plus volontiers vers les métiers de la tech, alors que l’on peut faire de belles carrières dans les transports. Nos personnels sont souvent formés par les écoles professionnelles. Nous sommes cependant intéressés par des personnes ayant des profils techniques en contrôle de gestion, en ressources humaines ou en informatique et qui auraient de l’expérience dans d’autres domaines d’activité que les transports. Cela permet d’avoir des collaborateurs qui ont une vision différente de celle de notre secteur. »