Le groupe Brun rachète les Transports Chalot

Figure incontournable du transport routier en Alsace et pilier de la FNTR, Michel Chalot a vendu au groupe Brun, transporteur grenoblois, la société familiale qu’il dirigeait depuis près de 50 ans.

Actif jusqu’à ses 70 ans, Michel Chalot a vendu, le 30 septembre 2025, l’entreprise de transport qui porte son nom au Groupe Brun, basé à Eybens, près de Grenoble. Les deux sociétés, dont le cœur de métier est le transport d’hydrocarbures, avaient déjà des participations croisées. Michel Chalot et Jean-Yves Leroux, ancien patron du groupe Brun décédé en 2022, cultivaient surtout une amitié de longue date.

« Je m’étais toujours engagé, si je vendais l’entreprise, à le faire à Jean-Yves Leroux, rappelle Michel Chalot. Comme il est parti trop tôt, j’ai vendu à ses successeurs, car je n’en ai pas. Il n’est pas simple de se séparer de son entreprise, mais c’était nécessaire, vu mon état de santé, pour que l’activité perdure. Mon choix n’a pas été de vendre au plus offrant, mais de privilégier la meilleure solution pour mes collaborateurs. »

Les Transports Chalot, qui comptent 80 salariés pour 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et exploitent 60 véhicules moteurs et 43 remorques, continueront à être dirigés par l’ex-bras droit de Michel Chalot, Sébastien Tetier. L’entreprise ne change d’ailleurs pars de nom, mais devient la 23e filiale du groupe Brun (1 300 salariés), qui en compte déjà plusieurs en Grand Est, tel que Specilor à Hauconcourt (57), Blondel à Vieux-Thann (68) ou encore Jung à Kilstett (67).

Une entreprise fondée en 1928

Une page se tourne désormais pour les Transports Chalot, entreprise familiale depuis trois générations, puisqu’elle a été fondée en 1928 par Émile Chalot sur le port du Rhin pour la distribution du charbon arrivant par voie fluviale. Progressivement, ce sont les transports d’hydrocarbures qui remplacent le charbon. Avec une permanence : l’implantation sur le port de Strasbourg. En 2023, l’entreprise avait dû quitter la zone de la Coop, rattrapée par l’urbanisation du quartier dans le cadre du projet Deux-Rives, mais était restée au cœur du port en rachetant l’ancien terrain Costimex, sur le Bassin de l’Industrie.

Michel Chalot au travail à son bureau ; Photo : Transports ChalotDemander à Michel Chalot, à l’heure de la retraite, de jeter un œil dans le rétroviseur sur son parcours professionnel, c’est se replonger dans des décennies d’histoire du transport routier. Né en 1955, le patron connu pour son franc-parler a grandi au milieu des camions, contaminé dès son plus jeune âge par ce qu’il appelle « la piqûre du diesel ». Après un DUT transport et logistique en région parisienne et un service militaire dans un régiment du train (chargé de l’approvisionnement des armées), il fait ses premières armes professionnelles chez le transporteur Crowe, à Cronenbourg.

« Entré comme ouvrier de quai, je suis resté deux ans dans cette entreprise en montant rapidement en grade, raconte Michel Chalot. Puis, mon père étant tombé malade, j’ai intégré l’entreprise familiale qu’il dirigeait à la suite de son père et qui comptait alors quatre camions. Il fallait tout faire, depuis le travail de bureau jusqu’à la mécanique en passant par la conduite. » Développant l’entreprise avec son père, il y prend progressivement davantage de responsabilités avant de la diriger officiellement à partir de 1987.

Mais le grand tournant, pour Michel Chalot, vient au début des années 1990 avec l’ouverture des frontières et la libéralisation des transports induits par la construction européenne : « avec l’ouverture des frontières, les transporteurs français ont beaucoup perdu, faute d’harmonisation. Les règles sociales n’étaient pas les mêmes, et l’écart ne s’est pas comblé depuis, surtout avec l’élargissement de l’Europe vers l’Est. C’est pourquoi nous avons abandonné les transports longue distance, non rentables, pour nous concentrer sur le transport local d’hydrocarbures, ainsi que sur le transport d’éléments de construction modulaires avec des camions équipés de grues. »

Des années d’engagements au service de la profession de transporteur

La carrière de Michel Chalot a aussi été marquée par ses engagements dans différentes instances de représentation et de formation professionnelle. Il fut notamment membre du Bureau de l’ORT&L Grand Est et, précédemment de l’ORTAL, et a effectué deux mandats en tant que conseiller prudhommal. Son principal engagement fut cependant à la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), à laquelle son père avait adhéré dès 1947, et dont lui-même est devenu président de la branche alsacienne en 1996. Aujourd’hui encore co-président de la FNTR Alsace, il en laisse progressivement les rennes à sa consœur Brigitte Kempf.

 

Photos : © Transports Chalot