Metz Métropole est la première agglomération du Grand Est à avoir signé une charte InTerLUD+, qui engage tous les acteurs de la logistique urbaine dans une amélioration des pratiques et notamment sur la voie de la transition énergétique.
C’est fin 2021 que Metz Métropole a signé la convention l’engageant dans le programme InTerLUD. La métropole a confié l’étude et l’animation de la démarche au Cerema, en vue d’élaborer, en collaboration avec tous les acteurs, une charte de la logistique urbaine. Des ateliers réunissant l’ensemble des professionnels de la logistique et de la messagerie ont été organisés à partir de l’automne 2022.
Ils ont pu s’appuyer sur le diagnostic réalisé en 2022 par le bureau d’études spécialisé Interface Transport. Outre l’identification de points forts et d’axes d’amélioration, notamment concernant les aires de livraison et les arrêtés de restriction de circulation (tonnages et horaires), cette étude a permis de quantifier et de localiser les flux de marchandises sur le territoire métropolitain. Chaque semaine, ce sont environ 150 000 mouvements de marchandises qui ont lieu sur l’ensemble des 46 communes, avec une forte concentration dans le centre-ville de Metz qui représente moins de 0,1 % de la superficie de la métropole mais plus d’une livraison sur 7.
Une charte en 5 axes pour optimiser durablement les livraisons à Metz
Ce travail de co-construction d’un plan d’action et d’une dynamique collective s’est concrétisé par la signature d’une charte InTerLUD+ le 11 juin dernier. Celle-ci marque l’engagement volontaire de la collectivité publique comme des acteurs privés en faveur d’une logistique urbaine plus durable et économe en énergies fossiles.
Cinq axes prioritaires, dont l’importance a émergé au cours des ateliers, ont été retenus dans la charte InTerLUD+ de Metz : l’accompagnement de la transition énergétique des véhicules de livraison, l’évolution de la réglementation locale via l’élaboration d’un schéma directeur des aires de livraison, le développement de la logistique inverse pour le transport retour des emballages, la mise en place d’un observatoire de la logistique urbaine, et enfin la création de lieux de collecte des marchandises, notamment sur le port fluvial.
Ce dernier point a conduit au lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour la création d’un espace logistique sur le Nouveau Port de Metz. La parcelle proposée, d’environ 1 500 m², est située rue de la Darse à 3 km du centre-ville. Elle longe la Moselle ainsi que la véloroute V50. Le terrain sera mis à disposition de la métropole par Voies navigables de France (VNF).
« L’apport par la collectivité d’un éventuel soutien financier pour compenser le surcoût de la rupture de charge n’a pas encore été décidé. Cela dépendra des propositions qui seront faites », indiquait François Grosdidier, maire de Metz et président de Metz Métropole, avant la date limite de dépôt des manifestations d’intérêt, qui avait été fixée au 31 juillet mais a été reportée au 16 septembre.
Outre la massification des marchandises à proximité du centre-ville avant leur distribution finale par véhicules décarbonés, la plateforme portuaire pourra aussi être utilisée pour la logistique inverse, c’est-à-dire la collecte des déchets, emballages, palettes perdues et autres éléments en retour depuis les commerces ou les consommateurs. Le but est à la fois d’optimiser les navettes vers le centre-ville et de diminuer le recours aux bennes à ordures en utilisant le même véhicule à l’aller pour les livraisons et au retour pour collecter les cartons notamment, qui sont très encombrants et difficiles à récupérer de manière distincte des autres déchets.
Objectif 2028 pour la fin des poids lourds thermiques dans le centre historique
Après l’adoption de la charte InTerLUD+, le prochain objectif pour la logistique urbaine à Metz est la décarbonation des livraisons. Le compte à rebours est lancé pour l’interdiction au 1er janvier 2028 des poids lourds à moteur thermique dans tout le centre-ville piétonnier. « J’ai lancé cette échéance pour que tout le monde se prépare », indique François Grosdidier, qui annonce son intention de prendre un arrêté en ce sens pour que la mesure entre en application le moment venu. « Nous avons observé que 80 % des marchandises sont livrées par cinq transporteurs principaux, qui pourront adapter leur flotte et leurs tournées dans les années à venir. Les 20 % restants sont transportés par une multitude de livreurs : c’est à eux que s’adressera la plateforme du Nouveau Port de Metz »
Actif sur l’amélioration de la qualité de l’air, avec, par exemple le passage à l’électrique des véhicules municipaux ou le choix de l’hydrogène pour les bus de la future ligne C du Mettis, François Grosdidier est cependant très hostile à l’instauration d’une zone à faibles émissions (ZFE), qu’il qualifie de « dispositif technocratique imposé d’en haut ».
« La ZFE ne sera pas mise en place à Metz si elle n’est pas obligatoire, affirme le président de Metz Métropole. La grosse source de pollution que constitue l’autoroute A31 n’aurait de toute façon pas pu être incluse dans la ZFE. Avec l’interdiction du centre piétonnier aux poids lourds thermiques, en revanche, on répond à la nécessité d’améliorer la qualité de l’air sans mettre pour autant toute la ville sous cloche. »
