La mise au gabarit P400 d’un tronçon ferroviaire de 4,5 km au cœur de Bâle va nécessiter quatre ans de travaux. Cela ouvrira la voie au ferroutage vers la France, y compris pour les remorques les plus hautes.
Permettre la circulation de remorques routières de 4 m de haut chargées sur wagon entre la gare centrale de Bâle et la frontière française (Saint-Louis, Haut-Rhin) : voici le but de travaux qui vont commencer en novembre et se dérouleront jusqu’à fin 2029. Les deux tunnels ferroviaires traversant Bâle passeront ainsi au gabarit P400.
Les grands axes ferroviaires nord-sud traversant la Suisse (dits NLFA, pour « nouvelles lignes ferroviaires des Alpes ») permettent déjà le ferroutage des remorques P400 au départ de Bâle vers le sud via le tunnel du Lötschberg et, depuis 2020, via celui du Saint-Gothard.
Un projet dans le cadre du corridor Mer du Nord – Méditerranée
Vers le nord, les remorques P400 peuvent rejoindre l’Allemagne en ferroviaire, mais côté français, la branche Metz-Strasbourg-Bâle du corridor Mer du Nord – Méditerranée ne le permet pas encore, le gabarit actuel étant limité à 3,8 m, ce qui ne correspond plus aux normes du transport routier.
« Le gouvernement français et le Conseil fédéral suisse souhaitent donc aménager les lignes NLFA pour permettre le fret ferroviaire au moyen de trains de marchandises de cette hauteur via la France », indiquent les Chemins de fer fédéraux (CFF) qui rappellent que « l’interruption en 2017 des flux ferroviaires à Rastatt durant sept semaines a démontré à quel point il était important de disposer de plusieurs lignes performantes sur les principaux axes de transport. »
Une déclaration d’intention a été signée en février dernier entre la France et la Suisse, qui vise à développer le fret ferroviaire sur la rive gauche du Rhin et à augmenter la capacité des corridors ferroviaires traversant les deux pays.
Tronçon de 4,5 km avec deux tunnels
C’est dans ce cadre que se tiennent les travaux visant à aménager la liaison entre la gare centrale de Bâle et celle de Bâle-Saint-Jean (Basel St-Johann) située à la frontière française. Un chantier d’un coût de 114 millions de francs suisses (environ 106 millions d’euros) pour un tronçon de 4,5 km, principalement en tranchée mais comprenant aussi deux tunnels : celui de Kannenfeld (1 km de long) et celui de Schützenmatt (280 m).
L’aménagement prévu consistera à abaisser les voies ferrées d’environ 50 cm dans ces deux tunnels. Des abaissements sont aussi prévus sous les ponts routiers enjambant les voies.
Circulation ferroviaire perturbée
Les restrictions de circulation ferroviaire imposées par ce chantier sont aussi mises à profit par les Chemins de fer fédéraux pour changer les rails, les traverses et le ballast, y compris là où aucun abaissement n’est nécessaire, ainsi que pour réaliser des travaux de maintenance sur les ponts sur la Birse, affluent du Rhin situé dans le même périmètre.
D’importantes restrictions de circulation sont en effet prévues, d’autant que les travaux se dérouleront majoritairement en journée, à la fois pour des raisons de coût, de sécurité, d’efficacité, et de maintien du transport de fret. Ces restrictions impacteront surtout le transport de voyageurs, essentiellement le week-end. Plutôt que de couper totalement le trafic ferroviaire en journée pendant deux ans, le choix a été fait de fermer les voies en alternance, ce qui repousse la fin des travaux à 2029.
Pourra-t-on, à partir de cette date, voir des trains embarquer des remorques routières de 4 m de haut entre Bâle et l’Alsace ? C’est ce qu’espèrent les Chemins de fer fédéraux suisses, qui ont basé à Huningue (Haut-Rhin), commune frontalière, la filiale française pour le transport de fret qu’ils ont créé en avril 2024 : SBB Cargo France. Côté français, cependant de nombreux aménagements doivent être faits pour passer les voies au gabarit P400, en particulier dans la traversée des Vosges.
Plus d’informations sur le site des Chemins de fer fédéraux suisses
